Je suis une travailleuse de la nuit. Je prostitue mon âme, la mettant au service des insomniaques ou des angoissés. Si nous sommes notre propre outil de travail, nous les soignants, c’est encore plus vrai en psychiatrie. C’est avec l’écoute, la parole, avec soi qu’on apaise, qu’on éclaire, qu’on rassure, qu’on guide.
La folie fait peur, on la nie jusque dans le système de santé. La psychiatrie c’est la cinquième roue du carrosse de la médecine. C’est peu glorieux et on n’y fait pas de miracle. Pourtant les services débordent. Des familles verront toujours leur vie basculer du jour au lendemain, désillusion brutale de leur bonheur. Chaque jour des gens chercheront à mourir, à bout de force d’une longue dépression ou suite à la perte d’un être cher. Des personnes continueront à avoir besoin d’être aidées dans leur sevrage alcoolique. Mais on fait comme si cela n’existait pas.
La société tente l’oubli. Oublier les hôpitaux psychiatriques, bien souvent situés à l’écart des villes, oublier de donner les moyens de prendre soin, de prendre en soins dignement la douleur morale.
Nous, les infirmiers psy, sommes l’armée secrète des écorchés vifs, les licornes des cœurs blessés, le mirage des âmes errantes. Nous existons, fort heureusement. Alors Messieurs, Dames du gouvernement, ne faites pas de nous des Soi-Niant. Entamez des discussions, des médiations. Ne laissez pas parler Murphy. Ayez de la considération pour la santé mentale, c’est à cela qu’on sait si une société est bienveillante et en bonne santé.
« La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. » Définition de la Santé par l’OMS
Contrainte du 5/05/2018 : Dépression, alcoolique, désillusion, oubli, médiation, perte, licorne, douleur, Murphy.
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