Le désert de Platé
Il est un endroit merveilleux en Haute-Savoie, c’est le désert de Platé.
C’est en faisant le tour des rochers des Fiz, dont le qualificatif de rochers est un bel euphémisme car il s’agit en fait d’immenses falaises, que j’ai découvert cette particularité géologique composée de lapiaz – ou dit lapiez selon les régions- située face au massif du Mont Blanc.
Quand on part pour plusieurs jours en montagne, rapidement on se retrouve la tête vide de toute considérations modernes, telles que internet ou messagerie, et le dos chargé dès le départ d’un sac qui comporte tout son nécessaire de survie, chaussettes, gourde, sac à viande et compagnie. Après une ascension plutôt ardue depuis la vallée, j’aperçois au loin le refuge de Platé, première étape de ma marche. C’est un regroupement de modestes bâtisses en pierre. Je prends possession avec enchantement de mon couchage : humble matelas aligné à côté d’autres où prendront place des inconnus qui me berceront au son de leur ronflement dans une petite pièce juste équipée d’une fenêtre à espagnolette. Le bonheur de poser son sac et d’ôter ses chaussures de marche après ce genre d’ascension est proche de celui ressenti lorsqu’on enlève ses talons-aiguille après toute une nuit à danser.
C’est les pieds à l’air que je me suis prise une bière au refuge (bien souvent cette simple perspective me permet de palier aux baisses de moral lors des difficultés dans la montée) et je suis allée m’assoir pour la déguster face à l’imposant Mont Blanc pour le prendre en photographie avec mes yeux. A l’horizon, ces majestueuses montagnes forcent l’humilité. On peut observer de là le vol plané des gypaètes qui s’élancent des falaises ou encore la sieste d’un tétrapode qui se fait dorer au soleil sur un rocher.
Le silence autour. La vue devant. La sérénité en soi.
Ces moments sont pour moi des soupapes. Renouer avec la nature, redevenir un Homme marcheur qui accomplit des exploits à la force de ses mollets. Un peu ma thermodynamique à moi, la science des grands systèmes en équilibre, car pour tenir debout dans notre monde de fou, j’ai besoin de m’en couper parfois.
Contrainte du 31/01/2018 : Espagnolette, gypaète, horizon, lapiez, messagerie, photographie, talon aiguille, tétrapode, thermodynamique
Votre commentaire